Michel Thellier Maraîcher à Grand-Rullecourt Surface en maraîchage : 1,5 ha Surface totale de la ferme : 5,4 ha Interview réalisée le 30 juin 2016 au marché d’Arras Peux-tu nous présenter ton parcours / ta motivation ? J’ai été salarié pendant 10 ans dans des sucreries, en tant que technicien-agricole puis inspecteur-adjoint. Puis, j’ai ressenti le besoin de m’installer à mon compte dans les années 1980.De 1985 à 1995, j’ai créé un élevage de lapins hors-sol : il y avait 500 mètres et plus de 2 000 lapins en engraissement en permanence, ce qui me permettait de vendre environ 1 200 lapins/mois. Au début, cet élevage industriel qui m’avait demandé beaucoup d’investissement, était rentable, mon revenu dépendait du prix d’achat des abattoirs et du prix de vente des aliments. Mais en quelques années, les tarifs ont changé : en 10 ans le prix d’achat a baissé de 62% et le prix des aliments a augmenté de 50%. J’ai perdu beaucoup d’argent (environ 140 000 F en 5 ans). Cette expérience m’a permis de comprendre les rouages des industriels de l’agroalimentaire j’ ai pris conscience du système qui nous rendait dépendants.Comme j’aimais l’agriculture, j’ai choisi cette voie mais avec l’objectif de rester autonome. En 1996, j’ai démarré la culture de fraises sur 2 000 m², l’année suivante j’ai pu louer 1 ha 600 ce qui m’a permis de faire du maraîchage que je vendais directement. J’ai constaté qu’en maîtrisant toute la chaine je pouvais m’en sortir – avec beaucoup de travail – et en écoutant les clients j’ai élargi ma production, j’ai pu diversifier mes produits et rendre mon installation plus performante avec des tunnels. Pendant les 5 premières années de ce nouveau projet j’ai remboursé les dettes que j’avais subies avec l’élevage industriel. Pourquoi le choix de l’agriculture paysanne ? Mon expérience m’avait fait réfléchir sur les modes de production, j’avais envie de revenir à une agriculture saine – non industrielle – je me suis rapproché de la Confédération Paysanne avec qui j’ai fait les mêmes analyses, je suis d’accord avec leur philosophie et leurs valeurs. Je partage également les même idées sur la politique agricole. J’ai rencontré un lieu de partage et d’écoute. Pourquoi es-tu venu à Al’terre Circuit ? Qu’est ce que ça t’apporte ? A la branche CEDAPAS de la Confédération Paysanne, François Théry m’a parlé de la mise en route de l’ association – consommateurs/producteurs – j’ai très vite participé à la réflexion et à la mise en route de ce qui est devenu Al’Terre circuit et avec Thierry Huret, un autre producteur, nous avons adhéré, et nous y sommes toujours. J’apprécie les rencontres avec les consommateurs lors des distributions ou lors des A.G. Ce sont des moments d’échange, de réflexion où l’on apporte et où l’on reçoit. Il y a aussi des manifestations qui nous apportent du soutien. Mon entrée à Al’terre circuit m’a permis de supprimer le marché du dimanche. Bien sur ! il ne faudrait pas que le nombre de panier diminue. Quels sont les produits que tu proposes à Al’terre Circuit ? Je cultive en maraîchage des légumes de saison, depuis mon association avec Thibault Marchand, je me suis reconverti en BIO (label depuis février 2015). Je produis des céréales qui nourrissent mes poules, de ce fait je vends à certaines périodes mes volailles et continuellement des œufs. Cette année est une année difficile à cause du climat, nous n’avons pas pu fournir ce que nous avions prévu, nous devrons améliorer notre installation. Quels sont tes projets ? Comment vois-tu l’avenir ? Pour l’instant je transmets mon expérience à Thibault en prévision de lui laisser ma ferme dans le meilleur état possible.